Avec l'expansion du télétravail, les exigences d'une bonne expression écrite se sont sensiblement amplifiées. À cet égard, une étude IPSOS parue en octobre 2021 révèle que 90% des recruteurs sont plus exigeants sur l'orthographe de leurs salariés depuis la pandémie COVID. La maîtrise de l'orthographe semble donc être un critère essentiel à l'embauche en ce qu'elle figure désormais au rang des priorités. Il en ressort qu'une mauvaise expression écrite peut être un frein, que ce soit au stade de l'embauche ou de l'évolution de carrière.
Les fautes d'accords grammaticaux, les erreurs sur les terminaisons, les oublis d'accents ou encore les erreurs de ponctuation sont autant de maladresses qui peuvent réfréner un employeur. Selon l’étude IPSOS menée auprès de 2500 recruteurs, la maîtrise de l’expression écrite est un enjeu fondamental pour ces derniers. En effet, 86% des employeurs, et 91% des DRH estiment que la maîtrise de l’orthographe est primordiale au travail. Cette capacité d’expression, orale et écrite, est un critère délibératif d’embauche et d’évolution professionnelle. En ce sens, 3 recruteurs sur 4 éliminent le candidat qui fait des fautes d'orthographe lors d’un entretien, et 83% d’entre eux considèrent que les fautes d’orthographe et de grammaire font partie des critères rédhibitoires pour un candidat. Selon Loïc Drouallière, dans son ouvrage “Orthographe en chute, orthographe en chiffres : deux expériences édifiantes”, un candidat qui fait des fautes d’orthographe a 60% de chances en moins de décrocher un entretien d’embauche.
La qualité d’expression d'un candidat est donc un véritable critère de sélection, celle-ci faisant partie du top 5 des critères de recrutement et étant classée devant l’expérience professionnelle. À ce propos, Christelle Martin Lacroux a examiné l’impact des fautes d'orthographe sur l'issue d'une candidature dans le cadre de sa thèse : « L'appréciation des compétences orthographiques en phase de présélection des dossiers de candidature : pratiques, perceptions et implications pour la GRH ». La maîtresse de conférences en sciences de gestion à l’université de Grenobles Alpes a montré que celles-ci peuvent considérablement ternir le profil d'un candidat au stade du recrutement. Il a également été démontré, dans une étude où 536 recruteurs ont été mis en situation de sélection de candidats, que les fautes d'orthographe mènent à un jugement négatif, portant principalement sur l’intelligence, les compétences professionnelles et la personnalité du candidat. Ainsi, ceux qui ne font pas de fautes de français sont perçus comme plus crédibles que ceux qui en font. Les fautes seraient ainsi la marque d’un « manque d’intelligence » du candidat. Les candidatures ayant des fautes d'orthographe ont donc 3,1 de chances supérieures d’être rejetées.
Il semblerait que le salarié faisant des fautes d’orthographe puisse s’exposer à la possibilité d'être licencié pour insuffisance professionnelle. Il apparaît que le juge admet plus facilement le licenciement pour cette cause dans le cas où l'écrit a une grande importance dans l’exercice de la profession du salarié. L’insuffisance professionnelle a ainsi permis à des employeurs de licencier leurs salariés à cause de leurs fautes de français. Par exemple, eu égard à l’importance de l’écrit dans l’exercice de la profession de l’employeur, la commission de nombreuses fautes d’orthographe par une dactylo-réceptionniste est de nature à nuire à l’image et au fonctionnement de l’entreprise. Le licenciement pour insuffisance professionnelle est dans ce cas justifié. (Cour d’Appel d’Orléans, 14 juin 2011 n° 397/11, 11/00036). Néanmoins, "la rédaction négligée d’un seul courrier qui reste isolé ne constitue pas un grief suffisamment sérieux pour justifier un licenciement" (Cour d’Appel de Grenoble, 29 juin 2011 n° 10/01890). Ainsi, bien qu’il soit possible pour un employeur de licencier un salarié pour ses fautes d'orthographe, cette décision ne doit être prise qu’en dernier recours. En effet, l’employeur a l’obligation de proposer au salarié qui fait des fautes une remise à niveau nécessaire à son adaptation dans l’entreprise.
Alors que la régression du niveau d’orthographe se trouve confirmée par de nombreuses études, il semble primordial de maîtriser les règles d’expression écrite pour trouver un emploi. En effet, la baisse générale du niveau d’orthographe n’empêche pas les recruteurs de se montrer exigeants. En cela, il est plus que jamais nécessaire de maîtriser l'orthographe pour se démarquer des autres candidats