L’Académie française est une institution dont la principale mission est de réguler l’usage de la langue française. Cet établissement situé au palais de l’Institut est composée de quarante membres nommés "les immortels". Ces membres sont des personnalités variées, tels que des romanciers, poètes, dramaturges, historiens, hommes d’États ou philosophes, qui ont tous durablement marqué la langue française.
Étymologiquement, le terme "académie" renvoie au lieu où Platon dispensait ses leçons de philosophie. En effet, il y donnait cours dans le jardin qui était consacré à Akadêmos, héros athénien. Ce mot renvoie par extension à une assemblée, scientifique, littéraire, ou artistique. Initialement, l’Académie était donc une institution liée au pouvoir politique réunissant les spécialistes d’un même domaine. Cette dernière était liée au roi (une Académie royale), et était située à Paris. L’Académie française est la première à voir le jour en 1635. Sa création par le Cardinal de Richelieu a alors pour vocation de « travailler à la pureté de la langue, de la nettoyer des ordures qu’elle a contractées ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorants ». Aussi, son but était de faire figure d’autorité en rayonnant politiquement en Europe grâce à l’usage du français. En 1793, un décret supprime toutes les académies, jugées passéistes après la révolution Française. L’Académie française sera alors réhabilitée par Napoléon Bonaparte, et, en 1816 le roi Louis XVIII lui rendra son nom. Au XXème siècle, sous l’occupation, plusieurs membres de l'Académie ont collaboré comme Maurras ou Pétain. Avec le processus de l’épuration, le Comité national des écrivains a souhaité supprimer l’Académie, finalement maintenue grâce à Georges Duhamel. Cette dernière a finalement pu retrouver son indépendance en 2006.
Du Moyen Âge au début du XVIIe siècle, la langue française développe sa noblesse, en passant de langue jugée vulgaire à noble. En effet, cette quête de prestige était menée par l’Académie, qui a normalisé l’usage du français pour le rendre aussi honorable que la langue latine. Au début du XVIIe siècle, la langue est toujours fluctuante. Aussi, le genre des mots n’était-il pas réglé et l’orthographe pouvait être hésitante. Mais, en ce siècle, l’usage général tend à normaliser la langue française dans un but politique, afin que les Français et Européens adoptent cette langue commune pour la faire rayonner diplomatiquement à l’étranger. Selon l’article 24 des statuts de l’Académie, l'une de ses missions est de « travailler, avec tout le soin et toute la diligence possible, à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. » L’Académie a ainsi pour fonction de réguler l’usage d’une langue trop variable à travers la rédaction de son dictionnaire. C’est en ce sens que les écrivains les plus reconnus du Grand Siècle s’appuient sur les propos des académiciens pour s’exprimer le plus "purement" possible. D’ailleurs, l’Académie arbitre également les débats littéraires, dont la "querelle du Cid", en émettant un jugement sur le style et la composition de la pièce de Corneille. L’Académie a donc toujours eu une mission d’unification de la langue, qui, par son dictionnaire, souhaite dicter le bon usage du français.
Pour faire en sorte que le français devienne le latin des modernes, l’Académie a crée son propre dictionnaire. Ce dernier consiste à proposer des mots dans un ordre alphabétique avec leurs définitions, afin que puissent être choisis les bons mots lors des conversations mondaines. Aussi, certains mots trop anciens, dialectaux ou vulgaires sont-ils bannis du dictionnaire. Comprenant 1800 mots, la première édition est présentée au roi en 1694. Ce dernier révèle alors la volonté politique de lier les différentes orthographes pour qu’il soit utilisé par tous. De 1694 à nos jours, huit éditions du dictionnaire ont été publiées. La dernière version, datant de 1992, inscrit les nouveautés techniques de notre temps et les mots d’usage populaire. Néanmoins, la volonté initiale du dictionnaire reste la même, celle du bon usage des mots. C'est dans cet objectif que celui-ci indique les mauvaises constructions de phrase, les emplois de mots conseillés, leurs définitions ainsi que leurs étymologies.